Les préludes de la Révolution vaudoise

major davel arret
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Influence de la Révolution française – Craintes de Berne – Les journaux, les correspondances de Paris – La Gare suisse – Les plaintes des sujets de LL. EE. – Frédéric-César de la Harpe – Morges et la question des routes – Troubles en Valais – Effervescence à Aigle et à Bex – M. Martin, pasteur emprisonné, puis acquittement – Berne prend des mesures en apparence conciliatrices.

Malgré la surveillance incessante des baillis, la Révolution française eut sur le Pays de Vaud une influence considérable. Les rapports entre la Suisse romande et la France étaient forts intimes, grâce aux affaires commerciales, aux émigrants vaudois cherchant fortune en France, aux nombreux Français qui se plaisaient à séjourner sur les bords du Léman. Berne craignait un peu la contagion.
Les nouvelles provenant de Paris arrivaient parfois grossies ; elles racontaient la résistance des tiers à l’autorité royale, les scènes de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Cette prison était défendue par 32 Gardes suisses, au service du roi Louis XVI.


Garde suisse
lion Lucerne
Lion Lucerne (www.hebdo.ch)

Le plus célèbre épisode de l’histoire de la Garde suisse était leur défense du palais des Tuileries dans le centre de Paris au cours de la journée du 10 août 1792. Des 950 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 600 sont tués au combat. Le monument du Lion de Lucerne sera dédié au souvenir aux mercenaires suisses.
Ces événements étaient accueillis avec joie ou indifférence suivant les milieux ; pour les paysans, l’abolition des redevances et des servitudes féodales leurs paraissaient une chose merveilleuse. Des idées de liberté, d’améliorations sociales étaient nées au sein du peuple des villes, mais l’apathie singulière des Vaudois, ayant facilité la conquête bernoise, ne permettaient point à ces idées nouvelles de faire bien long chemin. Cependant, ces semences n’étaient pas superflues et, l’heure venue, elles devaient fleurir.
Les plaintes formulées contre LL. EE. étaient nombreuses, mais Berne préféra dépenser de fortes sommes pour solder les espions, délateurs, payant au prix d’or des pamphlets. Les journaux étrangers publiaient des correspondances de Suisse qui faisait état d’un pays durement opprimé et où les esprits paraissaient tout disposés à l’insurrection. Les coups ne partaient pas seulement de Paris, un adversaire suivait d’un œil attentif les événements de France avec l’espoir que sa patrie en ferait profit.


F.C. de La Harpe
FC de Laharpe

Frédéric-César de la Harpe,
c’est lui qui fit autant que tous ses compatriotes pour l’affranchissement du Pays de Vaud. Du fond de la Russie, il employa toute son énergie à soulever les esprits des sujets. Lettres sur lettres, écrits, requêtes, tous les moyens de propagande furent employés par ce patriote et le gouvernement bernois, craignant les résultats d’un tel labeur, demanda à Catherine II la punition de ce sujet dangereux. Cette punition ne fut point accordée.
De pareils efforts n’ont pas étés couronnés d’un succès immédiat, mais la noblesse, bourgeoisie et le peuple firent également des réclamations. Tels que l’égalité des droits politiques pour tous les citoyens, que les anciens Etats fussent rétablis. Ces désiratas faisaient entrevoir de nouveaux horizons et de possibilités d’indépendance.
C’est ainsi que la ville de Morges se révéla très ferme concernant l’entretien des routes du pays. L’Etat payait les trois cinquièmes des frais et les communes payaient le solde. Dans le bailliage de Morges, tout le monde paya sauf Morges et les morgiens envoyèrent des députés avec un document de 1575 qui stipulait que l’Etat de Berne s’engageait à cet entretien. LL. EE. répondirent : « Payez et vous direz vos raisons après ». L’affaire traîna et Morges du payer son dû.


Mécontentement des Officiers et insurrection au Valais
L’armée se montrait également mécontente. Les officiers vaudois au service de la France se plaignaient de ce que les meilleurs officiers et le plus grand nombre de compagnies fussent accordés à des Bernois. Ces réclamations firent grand bruit et les villes de Moudon et de Morges nommèrent une commission qui devint une espèce de comité des griefs. Le mouvement gagna les autres villes du Pays. La résistance paraissait naître à l’état embryonnaire, mais vivace. C’est maintenant à la frontière valaisanne que l’orage gronde et menace. Les exactions des gouverneurs du Haut-Valais sur ses sujets du Bas-Valais étaient innombrables. Le peuple se voyait pressurer comme grappe et les baillis se gorgeaient aux dépens du pauvre comme du riche.Le 15 août 1790, à Martigny, l’insurrection éclate : les paysans demandent des comptes aux magistrats ; quelques jours plus tard, le soulèvement éclate à Monthey, le château du gouverneur est mis à sac. Saint-Maurice suivi cet exemple ainsi que tout le Bas-Valais est en révolte. Berne délégua des hommes modérés qui les calmèrent…
A Aigle, Bex et Vevey, on put craindre la contagion insurrectionnelle et Berne pris des mesures militaires pour protéger sa frontière. Au mois de décembre 1790, un pasteur de Mézières, M. Martin refusant de payer la dîme fut accusé de haute trahison et emprisonné à Berne. Au retour du pasteur dans sa paroisse, on le reçu avec musique, salves d’artillerie, etc.
Berne, parfois, comprenant que la répression serait dangereuse, donnait des ordres à ses fonctionnaires les engageant à moins de dureté. Tout cela, cependant, ne pouvait suffire, l’esprit de 1789 faisant des progrès rapides et nous allons assister à un fait grave qui montre, d’une part, la marche de l’idées révolutionnaire dans le pays et, d’autre part, l’oligarchie bernois toujours aussi rude, aussi orgueilleuse, malgré les apparences ci-dessus.

prise-de-la-bastille

Valais 2 états 1798

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