Le Peuple vaudois au XVIIIe siècle

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Deux classes bien distinctes – les Fonctionnaires de Lausanne – La rue de Bourg et la société lausannoise – Voltaire, Rousseau, Gibbon – Mme Stael – Affluence d’étrangers de distinction – La littérature et la science à Lausanne au XVIIIe siècle – Le peuple – Ses défauts et ses vices – Ivrognerie, brutalité – La foire d’Oron – Les brigands du Jorat.

Mme Stael et sa fille
Mme Stael et sa fille

Les tentatives de Davel, ses désirs, son but, rien de tout cela n’avait été compris du peuple qui, incident passé, repris sa vielle habituelle, sous l’œil satisfait de LL. EE.
Le XVIIIe siècle, à partir de 1723 jusqu’à la révolution française, fut très calme et point intéressant quant à la politique. Au contraire du développement intellectuel et social qui appelle l’attention.
L’organisation politique des villes est calquée sur celle de Berne et Lausanne entre autres se distinguait par le nombre formidable de fonctionnaires ; ville de sept mille âmes, elle en comptait trois mille. Tous ces emplois étaient exclusivement réservés aux bourgeois de Lausanne.
Avec cette bourgeoisie, la noblesse et le clergé, très asservis à Berne formaient une classe qui, au point de vue intellectuel, sous l’influence des émigrés protestants français, avait créé à Lausanne un séminaire et des bourses de bienfaisance qui élevèrent le degré de connaissances littéraires et scientifiques. La rue de Bourg règne alors sur l’opinion publique ; elle reste libre et indépendante dans ses réunions ; une société brillante, spirituelle, s’occupe de littérature, de poésie, de théâtre, de musique ; la philosophie a sa place en ces causeries. C’est une joyeuse société, mais sérieuse. La preuve d’ailleurs que l’on ne s’ennuie pas, c’est que Voltaire y vint (1756) et reste. Des acteurs jouent ses pièces sur le théâtre de Mont-Repos. Jean-Jacques Rousseau y séjourne également.
A certains moments, l’affluence des étrangers était abondante et on pouvait y rencontrer, Gibbon le grand historien anglais, M. Necker, Mme de Staël, l’abbé de Bourbon fils de Louis XV, le prince Henri de Prusse, etc.
La littérature brillait à Lausanne d’un éclat indéniable. Toutes les écoles philosophiques et scientifiques d’Europe avaient dans le Pays de Vaud leurs représentants. Une société littéraire, fondée en 1792, comptait au nombre de ses membres plusieurs étrangers illustres.

Au début du XVIIIe siècle, l’Académie de Lausanne ouvre une chaire d’histoire où on enseigna surtout l’histoire ecclésiastique et le droit naturel. Une Société des sciences physiques de Lausanne fut fondée par quelques savants vaudois et étrangers. Des sociétés économiques se fondèrent un peu partout, à Lausanne, à Vevey, à Nyon, à Payerne.
Le Pays de Vaud a donné de nombreux généraux aux armées étrangères ; Les généraux de Porta, de Crousaz et Roguin en Piémont, Warnéry, de Froideville en Prusse, le général de Ribeaupierre en Russie, les généraux de St-Saphorin, Haldimand en Angleterre ; le général Doxat et Démoret en Autriche et de nombreux autres.
Voilà donc les principaux esprits qu’attiraient dans le Pays de Vaud un si grand nombre d’étrangers de marque et qui formaient avec les vaudois une classe citadine intellectuellement supérieure qui contraste avec le peuple des campagnes.


Moeurs et vices du peuple

En 1764, les pasteurs vaudois envoyaient à Berne des rapports sur les mœurs et vices de leurs paroissiens. A leur dire, on éprouve quelque peine après avoir vu cette société citadine élégante et cultivée. L’ivrognerie est le vice principal du peuple. L’indécision, le manque d’initiative sont aussi reprochés aux vaudois du XVIIIe.
Ils sont routiniers et suffisants ; ils cultivent leur vigne ou leur champ sans chercher aucune amélioration. Ainsi ont fait leurs pères, ainsi ils font et ainsi feront leurs enfants.
Dans certains villages, la brutalité se joignait à l’ivrognerie et les fêtes devenaient souvent prétextes à de cruelles bagarres ; le bon vin coulait à flots et il arrivait souvent que le sang fût versé. Durant le Moyen Age, les routes du Pays étaient impraticables. Au début du XVIIe, les routes continuaient à être le théâtre de nombreux assassinats. Le brigandage, cependant, tendait à disparaître, grâce à l’énergie du gouvernement. La dernière bande de brigands fut anéantie en 1702 ; vingt-cinq brigands furent pendus, décapités ou envoyés aux galères.
Voilà donc en quel peu réjouissant état moral se trouvait le peuple vaudois. L’état matériel n’était guère meilleur. Ecoutez Mme Charrière parler des paysans : « leurs biens sont presque tous hypothéqués ; les cultivateurs ne sont plus que des esclaves ». Ajoutez à cela, les dimes, les exactions baillivales, les amendes. Ces pauvres gens, en somme ne devaient point avoir grand goût à un labeur dont ils ne retireraient guère profit.
Heureusement, l’heure est proche où une ère nouvelle va commencer qui en moins d’un siècle va transformer cette population inculte en un peuple policé, instruit et moral. Déjà cette heure a sonné en France, Nous sommes en 1789, les droits de l’homme vont enfin s’imposer.

La vraie histoire des brigands du Jorat – par Lionel Dorthe – Historien

Brigands Pays de Vaud
Brigands du XVIe

 

Brigands du Jorat
Capture d’un brigand

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