1536 – La Réforme

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Berne accepta la Réforme en 1528 sur la base des thèses de Martin Luther qui souhaitait un retour aux sources du christianisme et de considérer la religion et la vie sociale d’une autre manière, mais surtout pour des raisons politiques ; elle avait décidé, dès les Guerres de Bourgogne, de conquérir le Pays de Vaud.

En 1522, un ex-moine français nommé Lambert, chassé d’Avignon pour cause de religion arrive à Lausanne. C’est un des précurseurs exaltés et fascinés des doctrines luthériennes et calvinistes. C’est un apôtre qui ouvre devant ses auditeurs un horizon nouveau et réveille, en l’esprit du peuple le désir de connaître. Les écrits luthériens sont bien accueillis, et même recherchés. On les lit bientôt un peu partout. Ce mouvement devient si manifeste que les Etats de Vaud, par un édit de mai 1525, font défense de lire ou de répandre aucun édit du « mauvais et déloyal hérétique Martin Luther » sous peine de prison ou de mort par le feu. Mais les interdictions n’ont aucune puissance lorsqu’elles touchent la pensée et reste lettre morte.
carte-reformeBerne accepte la Réforme
En 1528, cette Réforme est acceptée et son influence sur le Pays de Vaud est trop importante pour qu’elle n’ait pas un grand écho sur la population. Guillaume Farel– ministre français – prêche en Pays de Vaud ; il est arrivé vers 1526 à Aigle pour y tenir une école pour prêcher la Réforme et cette prédication sera protégée par Berne qui entrevoit que des avantages en sa faveur de cette politique. Mais cette conversion aux dogmes nouveaux ne s’opère point sans luttes. Les prêtes, que la Réforme va priver de bénéfices considérables se révoltent et excitent le peuple ; des troubles graves et LL. EE. (Leurs Excellences) se voient obligées d’imposer le culte protestant manu milatari. Farel, homme d’action et orateur fougueux, entreprend une tournée à Genève, Lausanne, Neuchâtel. Avec courage, il brave les résistances du peuple et les colères du clergé. Le jour de Pâques 1531, il prêcha dans l’Eglise d’Orbe ou essaya de prêcher, mais les cris et les injures ne l’ont pas empêché de descendre de la chaire. Devant cette attitude, la foule s’empara du ministre et fut jeté à terre ; il ne doit la vie sauve qu’à l’intervention du bailli. Le dernier mot demeura aux Bernois et la Réforme fut imposée à Orbe. Pour rappel, les Bernois poussaient le Pays de Vaud à adopter la Réforme alors que son allié Fribourg était catholique.
D’autre part, en Suisse allemande, les querelles de religion avaient dégénéré en guerre sanglante ; catholique des petits cantons et protestants à Zürich ; ils se rencontrèrent à Kappel le 11 octobre 1531 ; six mille zurichois périrent dans le combat. L’illustre réformateur Zwingli fut frappé mortellement et son cadavre brûlé par les soldats catholiques. La légende a retenu l’épisode de la soupe au lait de Kappel.


Chevalier de la cuiller
Chevalier de la cuiller

En 1529, Genève, qui avait énormément à se plaindre de son évêque, lequel était soutenu par la Maison de Savoie, chassa ce prélat et ses partisans, puis lui confisqua ses biens. Les partisans se retirèrent dans le Pays de Vaud. Réunis au château de Bursinel où ils banquetaient, l’un d’eux brandit sa cuiller et s’écria : « Aussi vrai que je tiens cette cuiller, aussi vrai nous avalerons Genève ». De là, le nom fut donné à ces gentilshommes de Chevaliers de la Cuiller. Ils organisèrent des expéditions de brigandages et de rapines contre les Genevois, ce qui provoqua une intervention armée e Berne et de Fribourg. Le Pays de Vaud fut de nouveau dévasté. Le duc de Savoie essaie par tous les moyens guerriers et de traités de conserver son emprise sur le Pays de Vaud et du territoire genevois. Sans succès, car les Bernois avaient pu établir des garnisons armées dans la plus grande partie de ces territoires. La Réforme religieuse allait définitivement rentrer en scène.


Administration du Pays de Vaud par les Bernois

Mais, avant de procéder à cette mission, Berne devait installer quelques fonctionnaires prêts à surveiller l’exécution de ses édits souverains et de remplacer les magistrats savoyards par des Bernois qui abolissaient le culte catholique. Pour faire respecter les décrets, cinq baillis, tous bernois furent nommés dans les arrondissements suivants : Yverdon, Cossonay avec la Côte, Lausanne et Lavaux, Avenches, Vevey. En dehors du Pays de Vaud, trois autres furent placés à Thonon, Nernier et à Gex. Ces baillis surveillèrent le paiement des contributions extraordinaires imposées au pays sous le nom de rançon.

Le nouveau souverain organise une dispute (joute verbale) à la Cathédrale de Lausanne en 1536, afin de démontrer la supériorité de leur foi et de convertir leur auditoire au protestantisme. La participation catholique est nombreuse et peu active ; les protestants menés par Jean Calvin, Guillaume Farel et le vaudois Pierre Viret ressortent victorieux du débat. Les autorités civiles annoncent le passage du Pays de Vaud à la Réforme le 19 octobre 1536. L’introduction de la Réforme qui abolissait irrévocablement le culte catholique romain n’est pas facile pour tous les Vaudois. La nouvelle religion engendre de nouvelles règles de vie, comme l’interdiction des jeux d’argent, de danses, les jurements, etc.

Dans les enclaves de bailliages communs entre Fribourg et Berne, les villages restent cependant catholiques, tels que Orbe, St-Barthélemy, Etagnières, Echallens, etc.

Sans évoquer les questions dogmatiques du point de vue religieux, la Réforme a apporté des progrès majeur sur la civilisation de notre patrie ; le niveau intellectuel et moral du peuple monta rapidement sous la direction ecclésiastique protestante. LL. EE. s’appliquèrent à développer l’instruction du peuple. Ce développement était indispensable étant donné le degré de compréhension qu’exigeait la foi nouvelle. On sait que l’ignorance était colossale dans le Pays de Vaud. La jeunesse, surtout, manifestait une paresse invétérée. Les villes se plaignaient de n’avoir pas d’école.

Avec zèle, les baillis obéirent à Berne, détruisant, brûlant les images, renversant les autels dans les Eglises. Les objets d’art, les statues, les tapisseries, tous les trésors prirent le chemin de Berne, qui put ainsi satisfaire la cupidité de Fribourg et des bourgeois de Lausanne par des dons.

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